Les indicateurs de réussite du programme Paideia

Lorsque nous avons développé notre dispositif portant sur les CPS nous nous sommes mis à la recherche d’indicateurs qui pourraient attester l’efficacité de celui-ci. C’est un travail peu aisé et nous espérons que ce témoignage pourra être utile à d’autres porteurs de projets qui rencontrent une situation similaire et qui réfléchissent aux modalités d’apporter la preuve que “ça marche”.

Pour nous aider dans notre démarche, nous nous sommes appuyés sur des principes forts, constituant depuis de début de notre existence le cadre de notre intervention. 

Paideia s’est constitué avec trois principes fondamentaux : 

  • co-construire avec les utilisateurs qu’ils soient prescripteurs des solutions pédagogiques (enseignants), pilotes des politiques éducatives (personnels de direction, fonctionnaires des rectorats), usagers (élèves, parents), en partant de leurs usages précisément. Ce point d’attention nous permet de ne pas penser le programme en dehors des réalités vécues par les acteurs à qui l’on adresse notre solution.
  • agir dans une démarche scientifique. Conscients des biais de confirmation, des formes de l’autosuggestion, notre démarche vise à améliorer le niveau de connaissance générale et cela implique de renoncer à des formes de satisfecit. Cela signifie que nous nous engageons à communiquer sur l’intégralité de nos résultats y compris lorsqu’ils ne sont pas au rendez-vous des attentes. Ce point peut sembler déroutant voire irrationnel dans un monde largement marqué par l’évitement de toute forme de négativité et gagné par le dictat de “la gagne”. Nous estimons que la finalité de notre travail n’est pas de “faire bonne figure”, ni de séduire. La séduction et l’éducation sont deux démarches qui s’opposent. La finalité de notre travail est d’aider à y voir plus clair, à mieux comprendre car seule la connaissance réelle donne des moyens d’agir. Nos erreurs sont précieuses, elles sont autant de sources d’apprentissage.
  • garder comme boussole l’objectif d’appropriation. Cela suppose de subordonner des indicateurs quantitatifs donnant l’illusion d’un impact massif à des indicateurs qualitatifs manifestant une transformation profonde. Afficher un impact avec des milliers de personnes touchées ne dit rien de l’appropriation réelle des contenus, des démarches et de la possibilité pour les personnes concernées de faire désormais autrement. Le souci de l’appropriation réelle nous conduit sans cesse à ne pas nous départir d’une humilité et d’un rapport éthique constamment renouvelé avec nos publics. Cela nous invite à nous placer derrière eux et non devant, derrière eux et en appui de leur désir de progresser. Nous progressons ensemble dans une relation dialectique. 

 

Fort de ces principes, nous pouvons nous situer dans notre rapport au projet et à notre travail. De cette position il appert quatre axes conduisant à la réussite du programme CPS : 

 

  • L’orientation. Nous supposons que les élèves en classe de seconde d’origine sociale modeste n’ont pas toujours les ressources pour faire correspondre leur projet d’orientation avec leurs appétences. Manque de stratégie pour explorer un secteur d’activité, méconnaissance des possibilités d’orientation et des carrières et surtout l’absence d’une information personnalisée sont autant de freins que nous nous efforçons de lever pour arriver à des souhaits d’orientation cohérents avec les goûts des élèves et leurs capacités de travail. 

 

  • La motivation/l’ambition. La motivation est variable au cours d’un cursus scolaire. Contrairement à une idée reçue la motivation n’est pas une ressource innée, mais une construction renvoyant à « un état dynamique qui a ses origines dans les perceptions qu’un élève a de lui-même et de son environnement et qui l’incite à choisir une activité, à s’y engager et à persévérer dans son accomplissement afin d’atteindre un but. (Tardif, 1992) ». Nous souhaitons que les élèves aient une perception plus juste d’eux-mêmes. Le sens du mot “juste” est ici à rapprocher de “justesse”. Cette ambition déclenchée ou nourrie n’a pas pour objectif de faire d’eux des super compétiteurs peu enclins à porter attention aux autres, mais des individus sensibles à équilibrer leur ambition personnelle avec leur environnement. Une ambition sereine sait où elle doit s’arrêter et sur quoi elle doit porter toute son énergie, l’ambition n’a rien d’aveugle.  

 

  • La qualité du travail scolaire. Pour une année scolaire réussie, il est primordial que l’élève puisse trouver du sens dans son travail, et qu’il puisse également être en mesure de fournir celui-ci en adéquation avec le projet d’orientation formulé. Au-delà de ce travail, nous souhaitons que les élèves osent davantage solliciter leurs enseignants lorsqu’ils rencontrent des difficultés et soient plus réguliers dans leurs travaux. La qualité du travail ne se mesure pas uniquement par des notes, notre pari est celui de l’appropriation réelle, celle qui permet de décrypter la complexité du monde et de s’autoriser un rôle d’acteur responsable dans celui-ci.

 

  • Le climat scolaire/vie de l’établissement. Notre réflexion sur le climat scolaire se trouve ici (ajouter lien hypertexte). Il n’existe pas à ce jour d’outil permettant la mesure du climat scolaire. Néanmoins, plusieurs éléments permettent de faire une observation de ce dernier. On compte entre autres l’absentéisme, les situations de violence, les exclusions de cours etc. Pour ce point, nous estimons que notre programme aura porté ses fruits si nous constatons une réduction des sanctions (heures de retenues, conseils de discipline exclusions etc.) pour les classes bénéficiaires. La dimension de parentalité est essentielle, la participation active et collaborative des parents à cet accompagnement des jeunes est pour nous un facteur de réussite. 

 

Plusieurs outils nous aident à identifier, mesurer, analyser ces indicateurs. En guise d’ultime conseil nous rappelons que la conduite réussie d’un projet nécessite, entre autre chose, de ne jamais confondre la fin et les moyens et de veiller autant que possible à ne jamais subordonner les finalités aux modalités.

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