L’économie du savoir – Elise Huillery

Conseil de lecture

Nous l’avions évoqué au moment de sa sortie, cet ouvrage devrait être lu massivement par les collègues, les chefs d’établissements ainsi que par les personnels de l’éducation. Elise Huillery et Yann Algan sont tous deux des économistes de renom. Ayant travaillés sur la pauvreté, ils se sont intéressés à la mesure des inégalités et au moyens de les combattre. Parmi ces moyens, l’investissement dans un système éducatif prenant en compte davantage les CPS. L’usage du terme n’est pas commun entre les différentes grandes institutions : L’OCDE utilise le terme de « compétences socio-émotionnelles » ; la Direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance (DEPP), au ministère de l’Éducation, emploie la terminologie de « compétences conatives » ; enfin, le nom le plus fréquemment utilisé par les économistes est celui de « compétences non cognitives » (voire parfois soft skills).

Malgré cette variété de vocable, toutes les grandes recherches synthétisées sur le sujet convergent, le développement de ces compétences (la confiance, la coopération, le sentiment d’appartenance et le respect des autres) concourent à améliorer le niveau d’éducation. Les auteurs de l’essai précisent par exemple que “la relation entre les performances académiques et l’état d’esprit de développement est plus forte pour les filles, les élèves socialement désavantagés et les élèves issus de l’immigration, ce qui suggère que l’amélioration de cet état d’esprit pourrait concourir à réduire les inégalités sociales et de genre.”

Notre pays a encore beaucoup à faire pour rejoindre les nouveaux standards internationaux. Ainsi, “en France, la proportion d’élèves qui manifestent un état d’esprit de développement (55 %) est inférieure à cette moyenne (62 %) – OCDE. Elle apparaît donc avec un écart négatif de presque 8 points (…) Les élèves français ont à la fois un sentiment d’auto-efficacité plus bas que la moyenne de l’OCDE, et une peur de l’échec plus grande. Pour l’affirmation « Quand j’échoue, j’ai peur de ne pas avoir assez de talent », les élèves français sont 62 % à se déclarer en accord, contre 55 % des élèves de l’OCDE, mais les élèves finlandais sont 44 %, allemands 38 % ou britanniques 37 %.”

Pourtant l’impact d’une prise en compte des CPS est important : “Selon une synthèse de l’ensemble des évaluations de ce type de programmes éducatifs, principalement mis en place en Amérique du Nord, l’impact moyen sur les performances à des tests standardisés équivaut au progrès moyen observé en trois mois d’école”.

Malgré ces chiffres éloquents le sujet ne semble pas être suffisamment pris en charge. Pourtant, il est au cœur de notre capacité collective à favoriser une société de l’innovation, de la performance économique et surtout une société plus juste et plus égalitaire ne laissant aucun de ses membres en marge du développement social et économique.

Éditeur : Presses de Sciences Po

Auteur : Yann Algan, Elise Huillery

Pages : 128

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