La constante macabre
Les résultats d’une évaluation sont souvent influencés par divers biais, dont un particulièrement tenace : la « constante macabre ». Ce phénomène, identifié par André Antibi, repose sur l’idée qu’une évaluation est perçue comme crédible seulement si elle inclut une certaine proportion de mauvaises notes. Si tous les élèves réussissent, l’évaluation est alors suspectée d’être « trop facile ».
Antibi soutient que les enseignants, souvent sans en être pleinement conscients, tendent à répartir les notes entre bonnes, moyennes et faibles, pour respecter cette norme implicite, indépendamment du niveau réel des élèves. Mais peut-on vraiment attribuer ce biais aux enseignants seuls ?
Des recherches sociologiques montrent que l’institution scolaire elle-même exerce une fonction de tri, classant les élèves entre « bons » et « moins bons ». De plus, la pression du contexte social renforce cette tendance. Les enseignants sont parfois jugés pour leurs évaluations perçues comme « trop bienveillantes », et se voient contraints d’intégrer des critères de jugement qui dépassent le simple contenu disciplinaire.
Réfléchir à cette « constante macabre » nous invite à repenser l’évaluation pour qu’elle cesse d’être un obstacle, et devienne un outil de progression authentique pour chaque élève.