Ce n’est un secret pour personne : les inégalités sociales continuent de conditionner les parcours scolaires des élèves en France. Bien que les équipes enseignantes s’investissent afin de réduire les écarts, l’organisation de la scolarité, elle, place très vite les enfants en situation d’évaluation et par conséquent, en échec ou en réussite scolaire. Ce « tri » des élèves se fait bien souvent au détriment des familles les plus défavorisées. L’école française est prise dans un paradoxe bien connu de toutes et tous : les politiques se succèdent en faveur d’une “égalité républicaine” afin de “refaire” de l’institution un modèle de “justice social” et “d’intégration” quand de l’autre côté, le couperet PISA s’abat à chaque nouvelle édition, montrant que les inégalités sont en progression. Ces résultats d’enquêtes internationales rappellent régulièrement l’ampleur du problème, plaçant la France parmi les pays de l’OCDE où l’effet de l’origine sociale sur la réussite scolaire est le plus marqué. Comment dès lors repenser l’école pour en faire un levier d’égalité réelle ? Nous allons ici sans être exhaustifs, lister quelques pistes, souvent énoncées dans des rapports ou des travaux de recherche.
Un combat complexe, mais pas insurmontable
Le premier réflexe serait de soutenir que le combat est difficile, voire perdu d’avance : en dépit des moyens alloués à l’éducation prioritaire, les problèmes restent sempiternels. Pourtant, d’autres pays réussissent à limiter les dégâts en adoptant des politiques de prévention des difficultés scolaires : plutôt que d’ajouter des temps extra scolaires, dont l’efficacité est parfois limitée, des cours de prévention sont intégrés dans l’emploi du temps des élèves et au cœur des programmes. Qui plus est, les enseignants bénéficient d’un système de formation continue plus régulier pour mettre à jour leurs pratiques pédagogiques et développer la coopération entre eux. En Finlande par exemple, les enseignants (passé le fait qu’ils sont plus valorisés et mieux rémunérés qu’en France) sont formés à la détection du « décrochage » chez les élèves.
Toujours dans cet objectif de réduction des inégalités, la sociologue Marie Duru-Bellat préconise de recruter davantage d’enseignants dans les établissements qui présentent le plus de difficultés et de diminuer le nombre d’élèves par classe. Pour la sociologue, les devoirs participent également à perpétuer les inégalités : certains parents sont en capacité d’aider leurs enfants dans toutes les matières et parfois tout le long de leur scolarité jusqu’au baccalauréat tandis que d’autres familles doivent compter sur les équipes enseignantes. Pour limiter ces écarts, l’hypothèse serait d’organiser des séances de devoirs au sein de l’école en présence des enseignants, ce qui permettrait en plus d’abaisser la quantité de travail à faire à la maison où l’organisation, le découpage du temps et la culture scolaire sont autant d’éléments qui entretiennent les inégalités.
Un enjeu dès la petite enfance
Pour l’Observatoire des inégalités, l’une des mesures qui pourrait être mise en oeuvre dans la réduction des inégalités serait renforcer la scolarisation des élèves de moins de trois ans, et plus particulièrement ceux issus des milieux défavorisés. Une telle initiative favoriserait leur socialisation et leur acquisition précoce du langage, deux atouts essentiels pour leur réussite future.
Repenser le rapport au savoir
Tous les élèves n’apprennent pas de la même manière ni avec la même aisance. Il est crucial d’offrir à chacun des moyens adaptés pour progresser. L’école doit ainsi s’engager dans une obligation de moyens en diversifiant les ressources pédagogiques et en valorisant des approches inclusives qui tiennent compte de la diversité des profils d’apprentissage.
Agir au-delà de l’école
Les stratégies familiales jouent également un rôle déterminant dans la reproduction des inégalités sociales. Autocensure, manque d’information, choix stéréotypés en matière d’orientation : ces facteurs limitent souvent les perspectives des élèves issus de milieux modestes. Sensibiliser et accompagner les familles, en facilitant l’accès à une information personnalisée et aux dispositifs de soutien, comme le souligne Agnès Van Zanten, constitue une étape essentielle dans la lutte contre ces inégalités.
Chez Paideia, nous croyons fermement que la transformation de l’école est possible. En agissant sur plusieurs fronts – pédagogie, formation des enseignants, partenariat avec les familles et ouverture culturelle –, nous pouvons (re)donner à l’éducation son rôle d’ascenseur social et de formation des citoyens.
Quels autres leviers, selon vous, pourraient contribuer à réduire ces inégalités ?